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Chien anxieux. On ne cherche pas à qui la faute.

Flair animal / Chien anxieux. On ne cherche pas à qui la faute.

Je trouve triste que plusieurs propriétaires culpabilisent à tort et ne consultent pas ou que très tard, lorsqu’ils ont un chien anxieux. Je vous raconte.

 Cette semaine, j’ai vu deux familles qui consultaient, mal à l’aise, pour anxiété chez leur chien. Des clients aimables, amis  des animaux et attentifs aux besoins de leurs compagnons. Les deux chiens souffraient d’anxiété depuis plusieurs mois, leur situation respective s’étant détériorée dernièrement.

Le cas de Jasmine

La première famille, celle de Jasmine, s’est justifiée et a insisté sur le fait que la chienne était arrivée dans leur famille à l’âge de 6 mois et qu’on ne connaissait donc pas sa «petite enfance». Le couple que j’avais devant moi tenait à ce que je note au dossier que l’animal avait très probablement subi un traumatisme avant son arrivée avec eux. C’était important pour eux de s’assurer que personne ne puisse les imaginer coupables de l’état de Jasmine. Les deux ont pris la peine de valoriser l’expérience qu’ils ont avec les animaux et m’ont parlé de la qualité de vie qu’ils offrent à leur animal de compagnie. Pourtant, leur labrador est malheureux dès qu’elle va dehors. Elle tremble et sursaute  au moindre bruit et marche recroquevillée en cherchant par tous les moyens à se réfugier à l’intérieur. Elle a régressé dernièrement aussi et fait parfois ses besoins l’intérieur, pour éviter d’aller dehors. Ce n’était pas aussi marqué quand Jasmine a été adoptée, mais maintenant c’est devenu incontrôlable au point ou les balades en famille virent au cauchemar. 

L’histoire de Bally

Mon autre patient, Bally, lui a été adopté à 12 semaines. Il a toujours vécu avec sa famille. Sans que les propriétaires ne sachent pourquoi, Bally n’est plus confortable dès que quelqu’un qui n’est pas directement lié à sa famille proche entre dans la maison. Bally se réfugie loin, jappe longtemps, reste haletant, grogne si la visite s’approche et ne se calme que lorsque tout le monde est parti. En consultation, madame me raconte tout cela en insistant sur le fait que personne n’avait jamais frappé Bally et que personne de méchant n’était venu chez elle. Elle a même insisté sur le fait qu’elle n’avait jamais fait garder son chien. Il était difficile pour moi d’évaluer les situations stressantes pour Bally parce que madame se concentrait surtout à me convaincre qu’elle prenait grand soin de son compagnon adoré. J’aurais aimé qu’elle comprenne bien que je n’en doutais pas, afin qu’on puisse se concentrer à aider son chien.

Un point commun

Qu’on en commun ces deux familles ? Elles ont tardé  à consulter leur vétérinaire, embarrassée par la situation et par crainte d’être jugées. Dans les deux cas, les familles avaient fait des recherches sur internet, essayé sans succès toutes sortes de stratégies, consulter des amis et dans un des deux cas, un éducateur canin (ce qui est très bien si cette personne a de bonnes connaissances pour travailler avec ce genre problématique, en renforcement positif, avec douceur et en sachant quand l’animal a besoin de l’aide d’un médecin vétérinaire).

chien anxieux

Exit la culpabilité !

À toutes les familles qui vivent avec un chien anxieux, j’ai envie de vous dire d’arrêter de culpabiliser. Ce n’est pas de votre faute!  Vous pouvez être d’excellents parents de chiens, les aimer beaucoup et vivre quand même avec un chien qui développe de l’anxiété. C’est la même chose que pour les familles qui vivent avec un enfant anxieux.

Diriez-vous que dans 100% des cas, le milieu dans lequel l’enfant évolue est inadéquat ? À preuve, sur deux enfants élevés dans les mêmes conditions et par des parents aimants, un pourrait développer de l’anxiété et l’autre non n’est-ce pas ? 

Quand on cherche à aider un chien anxieux, on ne cherche pas nécessairement à savoir où cela a commencé. On cherche à bien comprendre et à détailler  dans quelles situations le chien vit son anxiété. On voudra ensuite gérer cette situation et y réintroduire si nécessaire l’animal, dans des conditions favorables à son apprentissage, avec des attentes réalistes et par étapes. On lui offrira peut-être, selon le problème, de la médication pour lui donner plus de chances de pouvoir réapprendre à vivre la situation autrement. Jamais on ne cherche à culpabiliser la famille. On peut leur enseigner à procéder autrement, les diriger et travailler en équipe avec des gens de confiance, les accompagner et ajuster la thérapie  au fur et à mesure. La culpabilité ne fait pas partie de la solution. Vivre avec un chien anxieux, ça prend de la patience et du dévouement et les vétérinaires en sont très conscients.  

Il faut à tout prix sortir la culpabilité de votre tête. Votre animal a besoin d’aide.  Son anxiété n’est pas liée au fait que vous ne l’aimez pas assez. Ça ne rend service à personne que d’attendre pour consulter. Ce délai ne fait qu’empirer le problème. Plus l’anxiété est gérée rapidement, plus elle est facile à contrôler.    

Mon message:  consultez sans culpabiliser. C’est en équipe qu’on aide le plus votre animal.

Apprenez-en davantage sur l’anxiété chez le chien.

Elle signe ce texte

Fondatrice du magazine web Flair & Cie, Dre Lucie Hénault est médecin vétérinaire et propriétaire avec 7 associées, de 8 établissements vétérinaires dans la grande région de Montréal. Dre Hénault est gestionnaire de l’Hôpital vétérinaire de Montréal, à Westmount.