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L’obésité de votre chat est une maladie, pas une preuve d’amour…

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obésité chez le chat

Flavie était une chatte domestique obèse. Flavie était mignonne et timide. Je la voyais chaque année pour son examen annuel. Sa propriétaire l’aimait, à sa façon. Elle avait l’impression de lui faire plaisir, en lui offrant toujours plus de nourriture et de gâteries…

Dans cette histoire, la propriétaire n’avait pas considéré que le plaisir éphémère d’ingurgiter toujours plus de calories ne faisait pas le poids devant les conséquences à long terme sur la santé de Flavie. Année après année, j’ai expliqué à madame que Flavie était en surpoids et que ce n’était pas bon pour elle.

Oui, mais je l’aime…

Les problèmes de poids de Flavie avaient commencé dès son jeune âge. La première note à ce sujet dans mon dossier, date de sa stérilisation. J’avais noté qu’elle commençait à être en surpoids et j’avais recommandé une diète appropriée. Cette recommandation avait été ignorée. Madame me disait qu’elle l’aimait trop pour la priver. Pourtant, les chats d’intérieurs mangent parfois par ennui, pour se stimuler. Parce que manger, c’est souvent une façon d’entrer en interaction avec son humain et que c’est moins plate que de ne rien faire. À chaque année dans le dossier de Flavie, la même recommandation revenait: perte de poids recommandée.  Ma technicienne avait donné des trucs pour faire bouger Flavie, nous avions recommandé les jouets interactifs pour la stimuler à travailler un peu pour sa nourriture. Nos recommandations n’ont eu aucun impact et la montée de la courbe de poids de Flavie était presque aussi impressionnante que la courbe du prix des maisons en 2020 !

La catastrophe annoncée

L’an dernier, Flavie avait atteint l’inconfortable poids de 19lbs. Sa tête semblait trop petite pour son corps. Trop grosse, elle n’arrivait plus à se toiletter, incapable d’atteindre ses fesses en se léchant. Sa fourrure, jadis brillante, était désormais pleine de pellicules. J’ai été claire avec madame, Flavie avait maintenant des douleurs aux pattes, car elle portait un énorme surplus de poids et était à risque de développer des maladies graves dont le diabète. Devant la sévérité de l’état de Flavie, madame a accepté d’essayer une conserve d’une nourriture bien balancée pour la perte de poids d’un chat mature.  Elle l’a essayé une seule fois… Flavie, habituée à la même chose depuis des années, l’a refusée.  Quand nous avons appelé madame pour prendre des nouvelles, elle n’a pas voulu faire une transition alimentaire plus lente, pour laisser le temps à Flavie d’adopter sa nouvelle diète. Madame a aussi continué de lui donner du yogourt, ses restes de lait de céréales et à lui faire goûter sa nourriture.

C’est ainsi qu’il y a quelques jours, Flavie nous a été amenée. Elle avait fondu et mangeait plus que jamais.  Elle buvait sans cesse, était déshydratée et urinait beaucoup et dans des endroits inappropriés. Madame a autorisé les tests diagnostiques minimaux. Vous vous en doutez, Flavie était maintenant diabétique, et sévèrement en plus. Elle avait besoin d’injections d’insuline matin et soir. J’ai plaidé la cause de ma patiente. J’ai expliqué que, bien contrôlé et couplé à un poids santé, le diabète peut être réversible chez le chat et que la grande majorité des patients s’habituent fort bien aux injections très peu douloureuses en fait. Rien à faire. Madame a choisi l’euthanasie. Elle m’a dit qu’elle aimait trop sa chatte, pour lui imposer des piqûres matin et soir.

Je suis convaincue que madame ne pensait mal faire en nourrissant trop Flavie. Par ailleurs, c’est l’obésité dont souffrait la chatte qui aura conduit à ses souffrances et à son décès. Des conséquences facilement évitables, uniquement avec un contrôle de la nourriture et des portions… Je le répète, l’obésité est une maladie, certainement pas une preuve d’amour.

Elle signe ce texte

Fondatrice du magazine web Flair & Cie, Dre Lucie Hénault est médecin vétérinaire et propriétaire avec 7 associées, de 8 établissements vétérinaires dans la grande région de Montréal. Dre Hénault est gestionnaire de l’Hôpital vétérinaire de Montréal, à Westmount.