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Rage. L’importation de chien en provenance de pays à haut risque est désormais interdite.

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Nouvelle mesure contre la rage

28 septembre, c’est aujourd’hui la Journée mondiale de la rage et c’est aujourd’hui que l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) introduit une nouvelle mesure visant à réduire le risque de l’introduction de la variante canine de la rage au Canada. Ainsi, l’importation à des fins commerciales de chiens provenant de pays à haut risque de rage canine sera interdite (article officiel).

Qu’est-ce que la rage?

La rage est une maladie virale qui est transmise généralement par la salive via les morsures, et qui peut affecter tous les mammifères, incluant l’humain. Elle s’attaque au système nerveux, et une fois que les symptômes se manifestent, la rage est mortelle à 99% chez l’homme et le chien. C’est une zoonose, c’est-à-dire une maladie qui se transmet des animaux à l’humain.  

Est-ce que la rage est présente au Canada?

Oui, au Canada nous avons les variantes de la rage dont les animaux sauvages sont porteurs, notamment les chauves-souris, les renards, les moufettes et les ratons laveurs. Selon les données de l’ACIA, entre janvier et juillet 2022, le Canada a eu 85 cas positifs de rage chez les animaux, et 8 cas positifs au Québec (chiffres disponibles ici). Présentement, la variante canine de la rage n’est pas présente au Canada, bien que les chiens puissent attraper la rage d’un animal sauvage.

petit chien couché sur le lit qui montre les dents signe de rage

Pourquoi cette nouvelle mesure?

L’objectif de cette mesure est de protéger les humains et les chiens canadiens de la variante canine de la rage. Au niveau mondial, cette variante est responsable d’environ 60 000 décès humains par année.

Récemment, deux chiens importés d’un pays à haut risque (Iran), pour être adoptés au Canada via un refuge, ont testé positifs pour la rage canine. En juillet 2021, un chien adulte a commencé à démontrer des symptômes neurologiques 10 jours après son arrivée au Canada. Puis en janvier 2022, un chiot qui avait été importé au Canada en juin 2021 a aussi commencé à être symptomatique. Ce deuxième cas souligne le long délai qui peut exister entre l’infection d’un animal par le virus et le développement de symptômes. Ces deux chiens avaient été vaccinés contre la rage avant leur importation au Canada. Cependant, le vaccin ne peut pas prévenir la maladie de manière fiable quand les animaux ont été exposés avant leur vaccination. D’ailleurs, les vaccins utilisés avant l’importation n’étaient pas des vaccins approuvés ici au Canada. 

Ces deux cas ont nécessité l’administration de prophylaxie post-exposition, le traitement préventif administré aux humains potentiellement en contact avec la rage, à 51 personnes, et ont contribué à la mise en place de la nouvelle réglementation. 

À titre comparatif, aux États-Unis en 2021, le Center for Disease Control and Prevention (CDC) a aussi introduit des règlements similaires concernant l’importation de chiens provenant de pays à haut risque. 

Comment l’interdiction s’applique-t-elle?

Comme mentionné, la nouvelle mesure interdit l’importation de chiens à des fins commerciales, et non les chiens personnels ou les chiens d’assistance appartenant à des particuliers.  L’ACIA définit les chiens commerciaux comme étant « les chiens destinés à la revente, à l’adoption, à la prise en charge, à la reproduction, aux spectacles ou aux expositions, à la recherche et à d’autres fins ». 

La liste de pays considérés à haut risque pour la variante canine de la rage est longue, comportant plus de 100 pays sur plusieurs continents. Pour la consulter, c’est ici.

D’un point de vue positif, cette mesure va par exemple minimiser l’importation de chiens de race provenant d’usine à chiots non éthiques de certains pays pour revente ici au Canada, à des prix parfois exorbitants.

Cependant, les chiens provenant de refuges de ces pays seront aussi affectés. Plusieurs refuges dépendent de l’exportation de leurs chiens vers des pays comme le Canada pour s’assurer de l’adoption de leurs nombreux protégés. 

Les enjeux sont compliqués, impliquant la santé publique humaine et animale, le bien-être et l’éthique, et bien sûr une maladie zoonotique qui est presque invariablement mortelle pour le chien et l’humain. L’Ordre des médecins vétérinaire du Québec s’est prononcé sur le sujet en juin dernier, encourageant les mesures afin de réduire l’émergence de maladies animales et zoonoses au Canada. Détails disponibles ici

Vous voulez en savoir plus?

  • Pour lire davantage sur les deux cas récents de rage canine au Canada liés à l’importation et sur la nouvelle mesure, vous pouvez visiter le blogue des vétérinaires Dr Scott Weese et Dre Maureen Anderson, du Centre for Public Health and Zoonoses du Ontario Veterinary College : Imported Canine Rabies in Ontario – Again et New Canadian Dog Importation Rules
  • Comment protéger votre animal contre la rage? Il existe un vaccin très efficace, vous pouvez en lire plus ici.
  • Est-ce qu’il existe un risque chez les chiens venant du Nord-du-Québec? Trouvez la réponse ici.

Elle signe ce texte

Dre Stéphanie Surveyer est médecin vétérinaire et propriétaire avec 7 associées, de 8 établissements vétérinaires dans la grande région de Montréal. Dre Surveyer est gestionnaire de la Clinique vétérinaire Lac St-Louis.