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Témoignage. Sésame, la chienne «magique»

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Il y a trois ans, je n’allais pas bien du tout. Plusieurs facteurs professionnels et personnels ont fait que mon anxiété et ma dépression datant de l’année précédente ont atteint leur sommet fin juillet 2018.

La dépression, le trouble de déficit de l’attention, le trouble d’anxiété généralisé : ces maux amènent tous leurs lots de désagrément et de défis à relever. Ils peuvent envahir le cerveau au point de nous épuiser. Toute personne qui souffre d’un ou plusieurs de ces troubles dépense beaucoup plus d’énergie que la moyenne pour paraître normale. Personnellement, j’ai longtemps caché ma souffrance interne pour paraître forte, pour ne pas déranger ni ennuyer mon entourage. Souvent, il ne me reste pas assez d’énergie pour accomplir certaines tâches qui paraissent pourtant faciles. Je suis bordélique, j’oublie beaucoup, je suis distraite, j’égare les objets, j’arrive souvent en retard, je m’absente fréquemment, je me fâche contre moi-même, puis j’ai des envies de disparaître. Aujourd’hui, grâce à la bonne médication, la pratique de la méditation, l’aide de ma chienne Sésame, une beagle, et de ma chatte Lucia, une rex, je réussis à surmonter mon anxiété. Mais ce n’était pas le cas en 2018.

J’ai adopté Sésame cette année-là, c’est-à-dire durant la pire période de ma vie. C’était sans doute une très mauvaise décision, car je n’étais pas apte émotionnellement pour m’occuper d’un animal. D’ailleurs, cela s’est vu lors de toute la première année de l’adoption de Sésame. C’est bien connu, les beagles sont têtus et elle me prenait beaucoup d’énergie pour l’éduquer. Je devais répéter les consignes sans arrêt. Il m’arrivait de regretter d’avoir adopté ma chienne. Pourtant, une petite voix me disait que je devais le faire. Par besoin émotionnel, pour me préserver, comme si, inconsciemment, j’avais pressenti ce qui allait arriver.

J’avais pris des vacances fin juillet 2018 pour m’occuper pleinement de Sésame. Je ne suis retournée travailler qu’en mars 2019. La dernière année avait eu raison de moi : j’étais en dépression. Je passais des journées à dormir seize heures d’affilée, j’enchaînais les rendez-vous médicaux jusqu’à ce que le diagnostic tombe : dépression majeure. Heureusement, avec l’augmentation de la médication, les séances de méditation, les cours de réinsertion en milieu de travail, j’ai pu passer par-dessus cette période noire de ma vie. Mais surtout, j’avais quotidiennement Sésame à mes côtés. Elle dormait avec moi, elle était folle de joie quand je rentrais à la maison et elle me donnait de l’affection.

On sous-estime souvent les bienfaits de la zoothérapie. Pourtant, on peut en observer les effets bénéfiques presque instantanément. Sésame serait une chienne de zoothérapie parfaite. Je le disais déjà à l’époque, et je le pense encore aujourd’hui. J’ai été et je resterai sa première patiente. Sa simple présence m’aide à mieux contrôler mon anxiété. Elle me calme. Vous comprendrez donc qu’aujourd’hui je ne regrette plus du tout ma décision de l’avoir adoptée! En fait, c’était même la meilleure décision que j’ai pu prendre pour me sortir de la dépression. Sésame est l’ange qui me garde en vie. Plus récemment, elle a aidé mon grand-père à rester plus actif. Les mois qui ont suivi la mort de leur chat Tommy, plus aucun animal ne résidait dans l’appartement de mes grands-parents. Je voyais combien cela les affectait. Je leur ai alors proposé de garder de temps en temps Sésame et Lucia. Finalement, ils se sont tellement attachés à mes deux compagnons qu’ils m’ont demandé de les avoir toujours avec eux. La simple présence de mes animaux leur fait un bien fou. Car tout comme moi, ils savent qu’un animal fait du bien à l’âme.

Valérie Prince est technicienne en santé animale à l’Hôpital vétérinaire de Montréal.