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Ce n’est pas un client, c’est l’aide-soignant de mon patient

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chat qui touche un doigt

Soyons honnêtes! Nous sommes entre nous. Vous arrive-t-il de penser que la médecine vétérinaire serait tellement plus facile si les animaux venaient tous avec une carte de crédit dans la bouche? Que notre travail serait moins décourageant et surtout moins ardu sans les clients. J’ai l’intime conviction que cela se produit pour chacun d’entre nous, du moins, par moment. Il m’arrive de réfléchir à cela et de me dire qu’il est possible que les clients le ressentent. Qu’ils ne sont peut-être pas, quelquefois, aussi bienvenus qu’on le prétende! C’est à travers l’une de ces réflexions que j’ai décidé de voir les choses autrement.

Comme la très grande majorité d’entre nous, c’est par amour des animaux que j’ai décidé de devenir médecin vétérinaire. C’était non seulement un rêve de jeunesse, mais la seule chose que je me voyais vraiment faire. À la faculté, j’ai passé beaucoup de mes temps libres (et souvent moins libres comme la veille des examens quand les bénévoles se font encore plus rares) au refuge. Aider les animaux a toujours été une mission.

En commençant à pratiquer, j’ai même prêté de l’argent personnel à des clients qui me disaient ne pas pouvoir payer les soins vétérinaires à leurs chats. Vous vous en doutez, je n’ai jamais revu la couleur de cet argent et, comme un hamster, j’ai appris après quelques mauvaises expériences. Je suis certaine que d’autres ont vécu la même désillusion.

Puis, j’ai commencé à me dire que même si je le voulais, je ne pourrais jamais adopter tous les animaux, ni payer pour chacun d’eux.

Quand bien même mon patient venait seul, il ne pourrait pas, faute de mains, d’administrer lui-même les traitements. Ainsi, son humain n’est pas seulement le client, il est surtout l’Aide-soignant le mieux placé pour que mon patient guérisse.

En suivant la même idée, je sais que mieux j’explique, mieux je convaincs l’aide-soignant de la pertinence des soins ou de la prévention, mieux traité et protégé sera mon patient. Ça me permet de faire équipe avec mon client et de comprendre que, comme tout aide-soignant, il doit avoir confiance en lui, de saisir pourquoi il fait les choses et quelles valeurs elles ont. On le voit avec la réalité de notre société, les aidants naturels ont besoin de valorisation, les aides-soignants aussi.

Ce n’est certainement pas révolutionnaire comme façon de voir les choses. Et en même temps, surtout en période où le service à la clientèle est, disons plus proche du défi que du plaisir, c’est salutaire de changer nos perceptions. Il arrive qu’un aide-soignant soit juste une image plus sympathique que tout ce qui peut nous venir en tête avec le mot client et modifier notre façon de voir les choses est souvent la première étape de la résolution d’un tracas.

Je partage ce petit truc avec vous au cas où il pourrait vous faciliter une de ces journées où tous les clients semblent s’être levés du mauvais pied. Et quand toutes mes consultations vont mal, je cherche le point commun à chacune d’elles. Et il se trouve que le point commun… c’est moi! Alors, je me répète ma petite fable de l’aide-soignant afin de m’aider à changer ma perception et… le cours de ma journée! À vous de jouer!

Paru dans Le Rapporteur Hiver 2019 de l’Association des médecins vétérinaires du Québec