J’avais eu une grosse journée à l’hôpital vétérinaire. Une dentisterie délicate sur un chien de quelques kilos seulement qui présentait une maladie parodontale très sévère, et qui avait exigé toute ma minutie et toute ma concentration.
Au total pour cette délicate chirurgie, j’avais fait 16 extractions dentaires sur un gentil chien qui avait enduré plus que sa part de douleur avant de bénéficier de la dentisterie. La chirurgie présentait aussi un très haut risque de fracture de la mâchoire, tant l’os de la mâchoire avait été abîmé par l’infection. Tout ça m’avait mis à l’épreuve en matinée. Puis, alors que je m’apprêtais à quitter la clinique, une chatte était arrivée en urgence, refusée dans son établissement vétérinaire régulier et souffrant d’un sévère pyomètre (une infection grave où l’utérus est à risque d’exploser dans le ventre, parce que rempli de pus). J’étais donc restée pour opérer cette chatte.
Rentrer à la maison
Je suis rentrée à la maison tard, mais avec le sentiment du devoir accompli. À peine le temps de prendre une bouchée et de retourner quelques appels importants et je devais animer un Zoom meeting sur l’amélioration de la relation que développe de jeunes vétérinaires avec les clients. C’était une de ces journées qui se terminent à la course. J’étais fatiguée.
Dans le chaos du dernier sprint avant Noël, ma préadolescente de fille m’avait fait part du fait qu’elle aimerait gagner de l’argent. Je m’étais entendu avec elle pour la payer pour qu’elle emballe les cadeaux de Noël. Nous nous étions entendus sur le tarif et les conditions. Mais voilà que chaque fois que je lui demandais d’envelopper des cadeaux (au rythme maximal de trois par jour), elle rechignait. Ce soir-là, je lui ai demandé d’emballer deux cadeaux que je devais apporter le lendemain à l’hôpital. Je n’avais ni l’énergie de la convaincre, ni l’envie d’avoir une bonne attitude concilliante alors et je me suis fachée. « On s’est entendues, tu n’es certainement pas aussi fatiguée que moi, je ne suis pas censée avoir à me fâcher pour cela, tu te comportes en princesse ». C’était mes arguments et le ton qui va avec… Puis je suis allée préparer mon zoom et terminer des appels.
Merci chéri
En sortant de ma chambre (eh oui, mon bureau est dans ma chambre), j’ai vu mon mari assis par terre dans la chambre de ma fille. Il blaguait avec elle et emballait les cadeaux. Laos, mon gros Labernois et Tchili mon terrier, surveillaient l’opération bien installés sur le lit de ma fille. Une bouffée d’amour pour mon mari est montée dans mon coeur. Il avait fait ce qu’il était approprié de faire. Il avait réglé la situation, offert son aide, transformé la chicane en un moment heureux.
Le lendemain, je lui ai confié mon malaise face à ma réaction et ma fierté face à la sienne. Sa réponse a été : « nous sommes une équipe. Pour faire ce que je fais, il faut avoir l’énergie de la bonne attitude. Des fois, l’équilibre ça s’atteint à deux. Des fois le déséquilibre de l’un devient l’équilibre du groupe ». Il m’a rappelé aussi de ne pas être si dure envers moi-même et m’a aussi rappelé une belle action que j’avais faite pour mes enfants la même semaine. Je me suis sentie mieux et reconnaissante.
J’ai aussi pensé à toutes ses mères monoparentales avec tellement de bienveillance et aussi à toutes ces entrepreneures moins bien soutenues que moi. Je ne sais pas comment vous y arrivez. Je ne sais pas comment, après une si grosse journée de travail et une charge mentale toujours plus lourde, trouver l’énergie d’être toujours zen à la maison. Je ne sais pas non plus comment toutes ces femmes, pour qui la distribution des tâches familiales est complètement inégale, trouvent l’énergie pour faire un gros « shift de soir » sans se plaindre et en trouvant la façon de jouer encore avec beaucoup de patience, leur rôle de maman.
Pour ceux qui ont cette chance d’avoir un(e) partenaire de vie qui vous soutient avec coeur et compréhension, prenez le temps aujourd’hui de laisser monter une boule d’amour dans votre coeur et d’exprimer votre reconnaissance. Vous verrez ça vous fera du bien à tous les deux.
