Ils ont un parcours brillant, exercent leur métier avec passion et rendent hommage au lien humain-animal, chacun à leur façon. Chaque mois, découvrez le portrait d’une personnalité particulièrement inspirante. Rencontre avec Dr Christopher Fernandez Prada, professeur-vétérinaire spécialisé en parasitologie à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Dr Fernandez Prada, vous avez complété vos études vétérinaires en Espagne. N’est-ce pas?
En fait, j’ai décroché mon BAC en médecine vétérinaire en Espagne, pour ensuite poursuivre avec une maîtrise en Italie, puis enfin revenir dans mon pays d’origine afin de compléter mon doctorat en parasitologie. À l’époque, ma femme et moi avions envie découvrir un autre pays, une autre culture. Le Canada nous attirait plus particulièrement. J’ai soumis ma candidature pour un poste de post-doctorat et je suis arrivé au Québec le 24 juin 2013, journée de fête nationale!
Présentement professeur agrégé en parasitologie et Directeur du laboratoire de diagnostic en parasitologie animale de l’Université de Montréal, vous travaillez sur les nouveaux mécanismes d’échange génétique et de résistance aux médicaments chez les parasites Leishmania. Pouvez-vous nous en dire plus?
Les recherches se déroulent dans deux départements distincts. D’une part, un laboratoire où l’on diagnostique les maladies parasitaires pour les vétérinaires au Québec. Et d’autre part, un laboratoire de recherche fondamentale où l’on s’intéresse aux parasites, tel le Leishmania, transmis par différents vecteurs que ce soit les mouches, les moustiques et les tiques.
Le parasite Leishmania est présent dans les régions tropicales et sud tropicales. Pourquoi est-il important de l’étudier ici au Québec?
Le Leishmania se retrouve de façon endémique dans tout le bassin méditerranéen, donc France, Grèce, Espagne, Italie et Afrique du nord. De ce côté-ci de l’océan, il y a le territoire sud-américain, mais on commence à voir ce parasite au Mexique et aux États-Unis.
On le voit déjà avec la maladie de Lyme et le virus du Nil maintenant présents au Québec!
Exact. Malheureusement, pendant longtemps, les infections causées par des virus, parasites ou bactéries transmis par des morsures d’insectes ne figuraient pas parmi les priorités du gouvernement, tout simplement à cause de l’hiver québécois. Mais avec le réchauffement climatique, les oiseaux migrateurs qui transportent les tiques ici, nous sommes exposés à différents pathogènes. La surveillance est donc plus que jamais de mise. Vaut mieux prévenir que guérir!
Avec la pandémie, la population mondiale est tout à coup plus sensible à la transmission de bactéries ou parasites d’humains à animaux. Votre domaine d’étude bénéficie-t-il de cette nouvelle attention?
Oui et non. Il s’agit d’un couteau à double tranchant. Les gens connaissent mieux les maladies transmises au contact des animaux. Par contre, depuis 2020, toutes les ressources financières ont été dirigées vers la Covid-19. Des programmes pour lutter contre d’autres maladies, telle la malaria ou le paludisme, ont pris fin du jour au lendemain. Il y a donc eu des impacts importants dans les pays en voie de développement.
En terminant, votre équipe de recherche a récemment réalisé une découverte qui a fait le tour du monde! Vous figurez même parmi les 10 découvertes de l’année du magazine Québec Science.
C’est exact. Nous avons mis à jour les mécanismes permettant aux parasites d’échanger des informations, notamment par le transfert de gènes. Cette découverte pourrait expliquer pourquoi certaines personnes développent une résistance aux médicaments pour traiter la leishmaniose. À la lumière de cette information, de nouvelles stratégies pour lutter contre ce parasite causant des poussées de fièvre, de l’anémie et des lésions cutanées, pourraient voir le jour.